Vivre... sans doute

Publié le par Ondine Venezia

 

Il s’est levé, est allé se chercher dans le réfrigérateur un pot de crème dessert au chocolat. Ce n’est pas n’importe quelle crème dessert. Celle-ci a la particularité d’être recouverte d’une fine couche de chocolat croquant. Maintenant, il ôte l’opercule, soigneusement.

Puis, d’un geste précis, sec, net, sans appel, brise avec la petite cuillère la surface dure, une fois, deux fois, trois ou quatre fois peut-être. On ne sait pas trop, on n’a pas compté. Mais on devine que lui le sait, ou, plus exactement, on pressent que le nombre de coups portés est toujours le même. On sent de la détermination dans ces gestes. Rien ne peut l’atteindre à ce moment-là, il est déjà tout entier dans son petit pot de crème au chocolat. Le buste est légèrement voûté, la main gauche enserre fermement la coupelle transparente, le regard est fixe.

La cuillère est ensuite portée méthodiquement à la bouche, un peu brusquement aussi. Quatre, cinq cuillerées, il ne lui en faut pas plus pour vider le petit pot de crème au chocolat. A-t-on senti la dégustation, le frémissement des papilles ? La sensualité a plutôt semblé un peu sauvage, presque farouche.

L’opercule est plié en quatre, selon un rituel immuable, et glissé dans la coupelle de plastique.

Il se lève, sans un regard alentour, se dirige instinctivement vers la poubelle, une rapide pression sur la pédale, l’objet disparaît, le couvercle claque.  

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<br /> Héhéhéhéhé ! Bien fait.<br /> <br /> <br />
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